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Perdu dans les miasmes


« Craignez-le… Son bec et ses grands yeux. Ses ailes lugubres et sa fumée… craignez les supplices qu’il vous infligerait, craignez cette douleur qui vous brûlerait »

Sœur Héloïse.

Recadrage


Alors que leurs regards se croisaient enfin et qu’ils se souriaient, deux hommes saisirent Nicolas et lui mirent un sac sur la tête. Il se débattit un instant puis fut assommé et traîné dans une camionnette aéroportée. Clara n’avait aucun doute sur l’identité de ces gens : des miliciens de l’uniformité. Ces gens enlevaient ceux qui laissaient trop libre cours aux émotions négatives, et on ne les revoyait plus jamais. À cette idée, la jeune femme ressentit un vide immense dans sa poitrine, plus fort que tout ce dont elle se souvenait, cette émotion la détruisait de l’intérieur, elle avait besoin d’une coupe synaptique dès maintenant.

Entre feu et glace


Dans une salle sombre et secrète, un homme finissait d’en tatouer un autre.

– Et voilà, c’est fini ! Vous avez fait le bon choix, la marque rouge prouve votre dévotion.

Le client ne broncha pas, il déposa une bourse de pièces sur le comptoir puis remit son long manteau de voyage brun couvert de sang. L’artisan empocha le butin et interpella l’étranger alors qu’il partait.

– C’est tout de même étrange de l’avoir voulu sur le palais.

– Il n’est d’ambition qui n’ourdisse en discrétion.

Sur cette phrase énigmatique, le tatoué quitta la pièce, laissant son interlocuteur sur place à mordiller sa paie.

L'ordre d'Aransharn


Le cœur battant à tout rompre, je progressai parmi des ombres de la nuit, prenant garde à ce que le contact entre mes semelles et le pavé de la ruelle soit aussi léger que possible. Chaque pas risquait d’alerter l’Archonte, et alors les oblitérés ne tarderaient pas à me tomber dessus. L’air chaud rendait ma respiration difficile, mais n’empêchait pas mes membres de trembler. Mes oreilles traquaient le moindre bruit, mes yeux scrutaient chaque détail, et le cuir ornant la poignée de ma rapière s’incrustait dans mes doigts serrés. Entre ces façades de pierres grises, je me sentais comme la proie d’une immense partie de chasse.

Instruments du vent et du feu


L’heure approchait. Malgré son état méditatif, Seika avait suivi la progression du soleil dans le ciel. Les rayons d’Amateratsu se faisaient plus chauds sur sa peau, le sol s’activait sous les mouvements plus intenses des insectes et les oiseaux dans les arbres chantaient de plus belle. Ces éléments suffisaient à déduire que la mi-journée arrivait, mais la civilisation tint à apporter sa contribution. La rumeur de la rue grandissait, les odeurs de nourriture s’élevaient des échoppes de trottoir et le martèlement de la garde royale annonçait la relève de midi. Seika ne doutait pas que le festival allait commencer sous peu, et les seigneurs d’occident s’attachaient particulièrement à la ponctualité.

Vocation


Le silence régnait dans le laboratoire obscur. Allongés sur des lits alignés, plusieurs centaines de corps étaient branchés par leur tempe à une immense machine recouvrant les murs de la salle. Parmi eux, le tien, couché comme les autres, inconscient. La rumeur de l’ascenseur brisa la tranquillité lugubre des lieux et ses portes s’ouvrirent sur deux hommes. L’un, petit, rond et chauve, portait un costume émeraude alors que l’autre, haut, fin et au visage de requin, arborait une tenue pourpre. Le moins grand prit la parole alors que les lampes illuminèrent l’entrée de la pièce.

De l'autre côté du verre


Un bourdon régulier et envoûtant résonna. D’abord sourd et grave, puis de plus en plus net et aigu, jusqu’à finir dans un éclat de sonorités claires et scintillantes accompagnant les lueurs de violet et d’argent qui apparurent à quelques mètres des restes du brasier. Ces lumières colorées formaient un cercle autour d’une étrange aberration. Une déchirure dans la réalité, un trou béant dans l’étoffe du monde au travers duquel défilaient divers paysages d’autres plans. Alors qu’une île paradisiaque laissa place à une forêt désolée, une silhouette sortit du portail. Au milieu du rayonnement de sa magie, un homme de taille moyenne vêtu d’un long manteau, noir, pourpres et argentées prenait pied sur cette terre.

Reminiscences de grenat et D'argent


Parmi tous mes souvenirs d’enfance, il est une histoire dont je me rappellerai toujours. Je ne devais pas avoir plus de huit ans et voilà quelques années que, avec mon ami Fernar, nous faisions partie de l’Ombre sous la tutelle de Melnar. Contre toutes les règles de l’organisation, nous étions formés ensemble et par le même mentor.